Les investissements dans une propriété viticole

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Quels investissements vais-je devoir faire pour la culture, pour la vinification, pour l’élevage  est une question récurrente avant l’achat d’une propriété, de préférence, et bien entendu à la suite de l’acquisition.
La sous-traitance totale de travaux par une entreprise extérieure est une option, mais rarement retenue en exploitation normale à cause du coût quasiment double.
Avant l’achat, la présence ou non du matériel et de son état sont des éléments importants lors du choix d’une propriété.
Une constante bien établie est que le repreneur a tendance à surinvestir dès l’acquisition faite.


Bien sûr, les commerciaux vendeurs de matériel sont avisés immédiatement d’une cession et s’empressent de proposer aux nouveaux arrivants un matériel que l’ancien propriétaire a soigneusement évité. Et très souvent les nouveaux arrivants achètent …
Par ailleurs il existe des « modes » : on a ainsi connu les classiques gyrobroyeurs entre rangs être équipés tout à coup de tondeuses interceps, les écimettes dotées de tondeuses pour exécuter deux tâches à la fois, les appareils à relever les vignes, les effeuilleuses à gaz butane … qui ne sont plus sur les catalogues aujourd’hui. Surtout il est apparu à l’usage que l’idée du fabricant était bonne mais sur la planche à dessin, et qu’en réalité il faut faire appel au ferronnier local pour réparer ou renforcer un matériel dont on essuie les plâtres .
Dans le chai par exemple il convenait de posséder un diffuseur de gaz carbonique à pulvériser sur les baies juste après mise en cuve, d’acheter des barriques à fermer après fermentations malolactiques, d’acquérir des barriques de 300 litres puis 400 qui restent vides sous forme décorative , d’exécuter les remontages par un système d’air comprimé, ensuite il y a eu le microbullage, etc.
Les coûts se sont révélés importants, la recharge de la bouteille de gaz carbonique épuisée en un éclair était parfaitement prohibitive …

D’autres bonnes idées comme les lames interceps fonctionnent très bien, mais sur les parcelles plates et bien sèches de la Provence. Sur les coteaux bordelais elles arrachent les pieds de vigne …
D’autres machines conviennent très bien – tables de tri vibrantes … – mais le coût rapporté à l’exploitation n’est pas raisonnable du fait de la très courte utilisation annuelle. L’option est de disposer de l’appareil par le biais d’une Cuma, à condition de s’entendre.
La location des outils (rotavator, herse rotative, broyeur à sarment, etc .) est apparue mais ne s’est pas développée autant qu’espéré : ces matériels loués souffrent, l’accrochage « personnalisé » au tracteur du locataire (qui doit venir chez le loueur) – est souvent long et compliqué en particulier lorsqu’il y a des connecteurs hydrauliques associés …
Nous passons sur l’achat de quads, de pickups 4 x 4, de drones …
Des matériels personnels restent toutefois indispensables : par exemple le(s) tracteur(s) bien entendu et le pulvérisateur, matériel fragile nécessitant des réglages pointus et dont la législation impose régulièrement le remplacement ou la mise en conformité.
La tenue de la vigne nécessite en effet des pulvérisations à des moments précis, parfois imprévus par exemple après une pluie. Un indisponibilité de pulvérisateur peut être la source de pertes de récolte et les traitements curatifs après un traitement préventif raté sont rapidement lourds et coûteux.
Les tracteurs employés restent chers car doivent être souvent à 4 roues motrices à cause des coteaux bordelais, très équipés de sorties hydrauliques pour les outils de vigne, et assez puissants pour entrainer le ventilateur du pulvérisateur. Il faut une cabine étanche et en surpression (pour les traitements sanitaires) donc avec une climatisation. Par contre le nombre d’heures annuel reste faible, donc un choix d’une qualité durable reste le meilleur.
Les acquisitions de matériels étant soumises à l’amortissement, le bilan est impacté pour des durées importantes sans possibilités d’ajustement comptable ultérieur : les amortissements sont figés alors que la récolte est variable .
En résumé, investir dès son arrivée demande réflexion selon les besoins et ces besoins dépendent des choix de culture, des choix de vinification et d’élevage.
Qui dépendent eux-mêmes des vins que l’on vise à produire.
La priorité est donc de déterminer en amont le produit que l’on veut obtenir, son positionnement, sa qualité puis de déterminer les choix qui en découlent.